Amiens
Église Réformée de la Somme
Historique
Le 5 avril 1928, le tout-Paris se presse à l'inauguration d'une somptueuse galerie marchande de luxe : « Les Portiques des Champs-Élysées » en présence du Ministre de l’intérieur et du Ministre de l'instruction publique et des Beaux-arts. C’est Léonard Rosenthal, diamantaire et homme d'affaires, qui est à l'origine de l’érection de cette galerie Art-déco ultramoderne, placée sous le triple signe des arts, de la littérature et du commerce.
Il voulut y loger un grand orgue. Il fera alors appel à la très célèbre manufacture d'orgues Cavaillé-Coll dirigée à cette époque par Auguste Convers.
Instrument sans doute destiné avant tout à l'improvisation et aux transcriptions symphoniques, cet orgue orchestral français, l’apogée du genre, était utilisé également pour de la musique d'ambiance, musique d'ameublement pour le « Thé fleuri », une pratique parisienne unique.
L'instrument avait la composition suivante :
Grand-Orgue expressif
Basse 16 Principal-Cor 8 Flûte d'orchestre 8 Bourdon 8 Violon 8 Voix-aérienne 8 Principal 4 Flautino 2 Concert de violes harmonique 2 rgs Cor 16 Tuba 8 Cor d'harmonique 8 Cor de basset 4 Cloches (25 notes) Métallophone (37 notes) |
Positif expressif
Quintaton 16 Principal 8 Cor bouché 8 Flûte à bec 8 Violoncelle 8 Unda maris 8 Viola 4 Harmonique quinte 2 2/3 Flageolet 2 Harmonique tierce 1 3/5 Fifre 1 Trompette harmonique 8 Clarinette 8 Musette 8 Saxophone 8 Xylophone (37 notes) Glockenspiel (25 notes) |
Récit expressif
Violoncelle doux 16 Dulciana 8 Flûte traversière 8 Viole de gambe 8 Voix céleste 8 Flûte octaviante 4 Flageolet 2 Plein-jeu 2 rangs Basson 16 Trompette 8 Basson-Hautbois 8 Saxophone solo 8 Voix humaine 8 Soprano 4 Xylophone (37 notes) |
Pédale
Soubasse 32 Contrebasse 16 Violoncelle 16 Soubasse 16 Quinte 10 2/3 Flûte 8 Violoncelle 8 Basse 8 Tierce 6 2/5 Quinte 5 2/3 Septième 4 4/5 Flûte 4 Violoncelle 4 Bombarde 16 Trompette 8 Clairon 4 Cloches |
Suite à la crise de 1929, la situation financière n'était en effet pas particulièrement propice au luxe. L'activité de cette magnifique galerie cessa progressivement. Les locaux furent finalement transformés en restaurant, puis en cinéma de 400 places.
L'orgue fut démonté en 1938 et la ville de Noyon l'acheta et le stocka dans le triforium de la cathédrale. La ville de Noyon privée de grand orgue depuis la grande guerre y avait vu une occasion qu'elle ne put mener à bien, l'argent manquant pour construire la tribune. On en resta là.
Pendant plus de 40 ans, le sommeil enveloppa les membres épars du vieux serviteur déchu ! Un beau jour la ville de Noyon, ne sachant que faire du vieux matériel, prit la décision de renoncer à l'utiliser. Elle n'en connaissait pas la valeur patrimoniale. Suite à l'avis - peut-être incertain - de certains conseillers, elle proposa ce lot de pièces éparses à un prix raisonnable à l'église Réformée de la Somme.
En 1988, l'orgue fut vendu pour 18 000 Francs sous l'impulsion de l'ancien organiste du temple Gérard Frossard et de l'organier Geoffroy Asselin. Il arriva par trois camions et des militaires furent sollicités pour une main d’œuvre précieuse.
Les travaux de remontage furent alors effectués par quelques bénévoles dirigés par Geoffroy Asselin, ex-ingénieur centralien et ancien ouvrier de Félix Van den Brande et de Victor Gonzalez. Cette opération, pour louable qu'elle fut à l'époque, pose aujourd'hui des problèmes de respect patrimonial et de pérennité quant à la qualité de l'installation. Le remontage fut terminé en 2000 et un concert inaugural eut lieu après 50 ans de sommeil.
Si cette opération le sauva de la destruction à laquelle il était promis, on peut regretter certains aspects du remontage : buffet "bricolé" à partir d'éléments de provenance diverses (nombreux panneaux d'aggloméré...), quelques modifications regrettables dans la composition... Les percussions, quant à elles, avaient disparu lors du transfert à Noyon.
Depuis le remontage, l'orgue est tombé progressivement en panne faute d'entretien. Quelques réparations ont été effectuées par un organiste bénévole, afin de le maintenir en état de marche.
Console : 3 claviers de 61 notes et pédalier de 32 notes en console séparée face à l'orgue. Registration par dominos placés en fronton sur deux rangées, sauf pour les jeux de Pédale, répartis en ligne de part et d'autre des claviers.
Transmissions : électropneumatiques à membranes. Sommiers à cases.
Tuyauterie : D'excellente qualité. Etain, spotted, zinc pour les basses. Tuyauterie pavillonnées. Tailles et progressions Cavaillé-Coll.
Soufflerie : moteur et réservoir primaire placés dans les combles, alimentant quatre réservoirs situés sous chaque sommier, un à chaque clavier. La transmission est directement alimentée par le réservoir primaire.
Pression primaire : 160 mm.
GO et pédale : 100 mm
Positif : 95 mm
Récit : 105 mm.
L'orgue fut démonté en 1938 et la ville de Noyon l'acheta et le stocka dans le triforium de la cathédrale. La ville de Noyon privée de grand orgue depuis la grande guerre y avait vu une occasion qu'elle ne put mener à bien, l'argent manquant pour construire la tribune. On en resta là.
Pendant plus de 40 ans, le sommeil enveloppa les membres épars du vieux serviteur déchu ! Un beau jour la ville de Noyon, ne sachant que faire du vieux matériel, prit la décision de renoncer à l'utiliser. Elle n'en connaissait pas la valeur patrimoniale. Suite à l'avis - peut-être incertain - de certains conseillers, elle proposa ce lot de pièces éparses à un prix raisonnable à l'église Réformée de la Somme.
En 1988, l'orgue fut vendu pour 18 000 Francs sous l'impulsion de l'ancien organiste du temple Gérard Frossard et de l'organier Geoffroy Asselin. Il arriva par trois camions et des militaires furent sollicités pour une main d’œuvre précieuse.
Les travaux de remontage furent alors effectués par quelques bénévoles dirigés par Geoffroy Asselin, ex-ingénieur centralien et ancien ouvrier de Félix Van den Brande et de Victor Gonzalez. Cette opération, pour louable qu'elle fut à l'époque, pose aujourd'hui des problèmes de respect patrimonial et de pérennité quant à la qualité de l'installation. Le remontage fut terminé en 2000 et un concert inaugural eut lieu après 50 ans de sommeil.
Si cette opération le sauva de la destruction à laquelle il était promis, on peut regretter certains aspects du remontage : buffet "bricolé" à partir d'éléments de provenance diverses (nombreux panneaux d'aggloméré...), quelques modifications regrettables dans la composition... Les percussions, quant à elles, avaient disparu lors du transfert à Noyon.
Depuis le remontage, l'orgue est tombé progressivement en panne faute d'entretien. Quelques réparations ont été effectuées par un organiste bénévole, afin de le maintenir en état de marche.
Console : 3 claviers de 61 notes et pédalier de 32 notes en console séparée face à l'orgue. Registration par dominos placés en fronton sur deux rangées, sauf pour les jeux de Pédale, répartis en ligne de part et d'autre des claviers.
Transmissions : électropneumatiques à membranes. Sommiers à cases.
Tuyauterie : D'excellente qualité. Etain, spotted, zinc pour les basses. Tuyauterie pavillonnées. Tailles et progressions Cavaillé-Coll.
Soufflerie : moteur et réservoir primaire placés dans les combles, alimentant quatre réservoirs situés sous chaque sommier, un à chaque clavier. La transmission est directement alimentée par le réservoir primaire.
Pression primaire : 160 mm.
GO et pédale : 100 mm
Positif : 95 mm
Récit : 105 mm.
Composition
I. Grand-Orgue expressif
Boudon 16 Principal-Cor 8 Flûte harmonique 8 Bourdon 8 Violon 8 Principal 4 Flautino 2 Plein-Jeu 4 rangs Cor (Basson) 16 Tuba 8 Cor d'harmonie 8 Clairon (Basson) 4 Chape libre (ex Voix aérienne) |
II. Positif expressif
Quintaton 16 Principal 8 Cor de nuit 8 Flûte à bec 8 Salicional 8 Unda maris 8 Viola 4 Nasard 2 2/3 Flageolet 2 Tierce 1 3/5 Fifre 1 Trompette harm. 8 Clarinette 8 Musette 8 Chape vide (ex saxo) |
III. Récit expressif
Dulciana 8 Flûte 8 Viole de gambe 8 Voix céleste 8 Flûte octaviante 4 Quinte 2 2/3 Octavin 2 Tierce 1 3/5 Cymbale 2 rangs Basson 16 Trompette harm. 8 Basson-Hautbois 8 Voix humaine 8 Soprano Harm. 4 |
Pédale
Soubasse 32 Contrebasse 16 Soubasse 16 Quinte 10 2/3 Flûte 8 Bourdon 8 Tierce 6 2/5 Quinte 5 2/3 Flûte 4 Bourdon 4 Tierce 3 1/5 Quinte 2 2/3 Bombarde 16 Trompette 8 Clairon 4 |
Accouplements Positif/GO, Récit/GO, Récit/Positif en 16, 8, 4 . Tirasses GO, Positif en 8, Récit en 8 et en 4. Octaves graves, octaves aiguës et suppression unisson GO, Positif Récit. Trémolo Positif, Récit. 7 combinaisons fixes (hors service). Crescendo général. Appel anches GO, Positif, Récit, Pédale.
Etat général
Jouable. Bien qu'il s'agisse actuellement d'un instrument assez fatigué, remonté de manière peu orthodoxe et qui visuellement laisse à désirer, l'orgue du temple d'Amiens est sans doute le chef d’œuvre d’Auguste Convers : un instrument historique, susceptible d'être classé aux monuments historiques. En effet, cet instrument est le seul témoin des orgues de concert parisiennes de l’entre-deux-guerres. Cet instrument de la manufacture Cavaillé-Coll-Convers est également le seul orgue construit en France, voire en Europe pour un magasin ! C’est un orgue splendide, doté d'une forte personnalité, à la sonorité très reconnaissable, l’instrument ayant gardé son caractère post-symphonique et orchestral d’origine. On ne peut que souhaiter une restauration exemplaire dans les règles de l'art, avec reconstitution de certains éléments disparus.
https://soundcloud.com/user-98088463/piece-heroique-cesar-franck
Jouable. Bien qu'il s'agisse actuellement d'un instrument assez fatigué, remonté de manière peu orthodoxe et qui visuellement laisse à désirer, l'orgue du temple d'Amiens est sans doute le chef d’œuvre d’Auguste Convers : un instrument historique, susceptible d'être classé aux monuments historiques. En effet, cet instrument est le seul témoin des orgues de concert parisiennes de l’entre-deux-guerres. Cet instrument de la manufacture Cavaillé-Coll-Convers est également le seul orgue construit en France, voire en Europe pour un magasin ! C’est un orgue splendide, doté d'une forte personnalité, à la sonorité très reconnaissable, l’instrument ayant gardé son caractère post-symphonique et orchestral d’origine. On ne peut que souhaiter une restauration exemplaire dans les règles de l'art, avec reconstitution de certains éléments disparus.
https://soundcloud.com/user-98088463/piece-heroique-cesar-franck
Photos : Dorian Dineur et Antoine Thomas. Texte : Antoine Thomas